L’origine des noms de famille de nos ancêtres de Croze et leur signification

Les noms de famille n’ont jamais fait l’objet d’aucune loi mais ont toujours été régis par la coutume. Depuis la nuit des temps, les gens étaient seulement désignés par leur prénom et c’est avec le grand boom démographique qui suivit l’an 1000 que se posa le problème des homonymes. Peu à peu, pour mieux distinguer les habitants d’une même communauté, on prit l’habitude d’accoler un surnom derrière chaque prénom, surnom faisant référence à une origine géographique, à une profession, à une caractéristique physique ou morale. Ce n’est qu’aux XIIIème et XIVème siècles que ces surnoms se fixèrent de père en fils : la grande majorité des patronymes a donc «le même âge», c’est à dire six ou sept siècles. La quasi-totalité des gens ne sachant ni lire ni écrire, ces patronymes ne se transmettaient qu’oralement et connurent donc des retranscriptions écrites très variables. Ce n’est qu’avec le livret de famille et l’alphabétisation généralisée, à la fin du XIXème siècle, que leur orthographe devint définitive.

En consultant les archives, on est souvent étonné de voir le nombre d’orthographes différentes qu’un même nom ait pu connaître au cours des siècles, mais cet étonnement n’était pas partagé par nos ancêtres qui ne reconnaissaient leur identité qu’à l’oreille ! […]

Nous allons maintenant essayer de donner la signification des patronymes de nos ancêtres qui ont vécu à Croze.

Voyons en premier les patronymes venant d’un prénom :

Bien qu’à première vue, celà ne paraisse pas évident, les patronymes suivants sont dérivés du prénom d’un premier ancêtre, tels :

  • Bardollot : nom venant du prénom Bard lui-même issu d’un nom de baptême d’origine germanique Bardo dérivant lui-même de Barberta qui désigne une hache d’armes.
  • Legeix : est peut-être une déformation orthographique du prénom Léger ou Légier (on trouve cette orthographe dans certains actes notariés de la famille).
  • Pariche, Parriche : un patronyme qui vient du prénom Paris ou Patrice dans sa forme populaire.
  • Perrichon : diminutif du prénom Pierre.
  • Rinaudon : diminutif du prénom Renaud.
  • Rouart : dérivé du prénom Rohard.
  • Rouly : patronyme venant du prénom Raoul.
  • Tumisson : diminutif du prénom Thomas.

Retrouvons les patronymes dénotant un signe particulier et l’on remarquera là bon nombre de sobriquets tirés de la langue occitane :

  • Boulejon et Bouligaud : ces deux patronymes viennent de l’occitan boulico = petite boule. Les premiers porteurs de ces noms devaient être des petits rondouillards !
  • Chatton : désignait un homme rusé, sournois, aux allures félines.
  • Crépiat : en Creuse on trouve plusieurs hameaux dénommés Crépiat dont un situé sur la commune du Mas d’Artiges. Comme tous les noms de lieux terminés par -at ou -ac, ce hameau est le vestige d’un grand domaine agricole gallo-romain où vivaient et travaillaient de nombreuses familles. Domaines et employés tiraient leurs noms de celui du propriétaire des lieux : dans le cas présent ce propriétaire s’appelait Crispus (un homme aux cheveux frisés). On peut donc penser que toutes les familles Crépiat de la région de Croze aient leur origine dans ce hameau du même nom.
  • Dindard : ce serait peut-être le surnom donné à un homme un peu nigaud.
  • Grelet : désignait soit un homme grêle, fluet soit un homme au visage grêlé (de taches ou de boutons).
  • Lebaron : au moyen-âge ce patronyme désignait quelqu’un de brave et distingué.
  • Lecante : du vieux français canter=chanter. Surnom sans doute donné à un homme qui était connu pour sa voix.
  • Leclair, Leclerc : deux possibilités. Ce patronyme pouvait désigner celui qui avait la peau claire ou celui qui était instruit (comme un clerc, un prêtre).
  • Legrand : il n’est pas besoin de décrire le premier porteur de ce patronyme.
  • Letondu : surnom donné à celui qui, naturellement, avait la tonsure (comme les moines).

Dans la région qui nous intéresse nous avons relevé bon nombre de patronymes venant d’un surnom et commençant par Le. Citons-en quelques- uns : Lebeau, Leblanc, Leblond, Lebourut, Lecour (ou Lecourt), Ledragon, Lefort, Legros, Lejeune, Lemaigre, Lemerle, Lemenu, Lemoine, Lemouton, Lenègre, Lenoir, Lepetit, Leprêtre, Lesoudard, Leterrible, Levelut

  • Nanet :le premier représentant de cette famille devait être un homme de petite taille. En effet ce nom désigne un nain en langue occitane.
  • Petit : nous imaginons tout de suite la taille du premier porteur de ce nom.
  • Petitbout : surnom formé de deux qualificatifs: petit et bout. Ce nom vient-il de Boutet, prénom du premier ancêtre de cette famille, homme qui avait comme caractéristique d’être de petite taille ?
  • Pompon : le premier porteur de ce patronyme devait être reconnaissable à son embonpoint car ce nom vient de l’ancien mot pope signifiant dodu.
  • Ranaille : ce nom pourrait être formé du mot rana, désignant la grenouille en occitan, et du suffixe -aille qui marque le diminutif du mot. Un sobriquet donné à un homme bavard comme une petite grenouille …

Certains noms donnent le métier du premier ancêtre :

  • Couturier, Cousturier, Lecousturier : désignait celui qui exploite une couture, c’est-à-dire une terre.
  • Lemeusnier : le métier du premier porteur de ce patronyme se devine sans difficulté.
  • Leroudier : désignait celui qui fabriquait des roues de charrette autrement dit le charron du village.

Dans la région qui nous intéresse on trouve d’autres patronymes désignant la profession de son premier porteur et commençant par Le. En voici quelques- uns : Leberger, Lecadet, Lecardeur, Lecordonnier, Legendarme, Lemasson, Letapissier, Letissier (le tisserand), Lesoldat, Levacher

  • Marchedieu : sans doute une déformation de Marchadier, le marchand. Un hameau appelé Marchedieu est situé sur la commune d’Aubusson.

La plus grande partie des patronymes de nos ancêtres creusois vient du nom du lieu d’où était originaire le premier porteur du nom.

  • Barjon : une barge (ou barjon en occitan) désignait une énorme meule de paille ou de foin que l’on pouvait voir au centre d’une cour de ferme. La Barge est un village situé sur la commune de Felletin, d’où était originaire notre famille Barjon. On peut donc supposer que le premier porteur de ce patronyme ait été habitant de ce hameau, lieu reconnaissable par une barge particulièrement importante.
  • Bierge : cette famille portait le nom de son village d’origine: le hameau de La Bierge situé sur la paroisse de Poussanges.
  • Chabanne : celui qui était originaire du village appelé la Chabanne (la cabane) à côté de Croze (Saint-Quentin-La Chabanne).
  • Dary : dans les registres paroissiaux du XVIIIe siècle de Croze on trouve trace d’un certain Domaine de Dary, domaine agricole qui devait exister depuis bien longtemps et dont le nom d’origine devait venir du nom du propriétaire (Ary ou Aricum). Etaient employées là des familles de métayers qui prirent le nom de leur lieu de vie (les d’Ary d’où Dary).
  • Daure, Dore : la Dore, affluent de l’Allier, coule dans le Puy-de-Dôme, département très proche de la région qui nous intéresse. On connaît aussi le Mont-Dore et la commune de Dore-l’Eglise tous deux situés dans ce même département. Les ancêtres de cette famille vivaient sans doute non loin de ces lieux.
  • Duprat : désignait la famille qui habitait le village appelé Prat (pré en occitan). Un village portant ce nom existe sur la commune de Saint-Maixant près d’Aubusson.
  • Folias : cette famille était sans aucun doute originaire du village de la Follea sis sur la commune de Saillant dans le Puy-de-Dôme, commune d’origine de nos ancêtres. Le nom Follea désignerait un lieu feuillu, ombragé
  • Fourniaud, Fourniaux, Fournioux : une famille qui trouve sans doute son origine dans le hameau de la Creuse qui porte ce nom.
  • Ginier : désignait sans doute une famille qui vivait en un lieu où poussaient des genêts.
  • Jassonneix : cette famille trouve peut-être son origine dans le village du même nom, village situé sur la commune de Meymac en Corrèze.
  • Lacaux, Lascaux, Lascoux: une famille qui habitait le village du même nom, village situé sur un plateau dénudé et pierreux. En Creuse, 18 villages portent ce nom ; plusieurs de ces villages se trouvent dans la région qui nous intéresse.
  • Lauvergnat, Lauvergniat : l’origine de cette famille se situe sans doute en Auvergne. Le premier porteur du nom venant de cette province, les habitants du bourg marchois où il s’était installé le désignaient ainsi pour bien montrer son origine étrangère à la région. Ce surnom devint petit à petit un patronyme.
  • Magnadas : famille que l’on trouvait dans le village du même nom sis sur la commune de Croze. Au XVIIe siècle le patronyme de cette famille était « Du Magnadas», ce qui laisse à penser qu’elle devait habiter ce lieu depuis la nuit des temps.
  • Montely : famille dont l’origine se situe sans doute au village de Montely. Il y en a 4 en Creuse dont un situé sur la commune de Saint-Oradoux-près- Crocq.
  • Vaisse, Vaysse : en occitan, une vaisse est une noisette. La famille porteuse de ce nom devait être originaire d’un village appelé La Vaisse ou Vaisse, village caractéristique par ses nombreux noisetiers. On trouve plusieurs villages portant ce nom en Creuse et en Corrèze dont un, aujourd’hui détruit, qui se situait sur la paroisse de Saint-Frion.
  • Valette : Le premier porteur de ce nom devait habiter un lieu situé dans une petite vallée.

Ce document est le fruit des recherches de Madame Josette PARFAIT. Elle a eu la gentillesse de déposer en mairie un volumineux dossier dont nous vous proposons ici quelques extraits. Pour les personnes qui s’intéressent à l’histoire et aux petites histoires de la commune, le dossier complet est consultable en mairie aux heures habituelles d’ouverture. Que Madame PARFAIT soit ici chaleureusement remerciée pour son remarquable travail.